Notre programme a pour but de protéger et de favoriser la sauvegarde de la colonie de phoque moine de la Méditerranée qui habite sur la péninsule du Cap Blanc, en Mauritanie. Nous allons décrire brièvement cet animal avec lequel nous travaillons.

Le phoque moine de la Méditerranée est une des dix espèces de mammifères marins les plus menacées d’extinction
dans le monde.
Il fait partie du groupe des pinnipèdes, qui comprend également les espèces marines de lions et d’ours ainsi que les morses.
Le groupe des phoques peut à son tour être divisé en deux sous-groupes : les phoques du nord, un groupe de 10 espèces qui vivent
principalement dans la zone arctique et subarctique, et les phoques du groupe des monachinae, qui regroupe les espèces
vivant dans l’Antarctique et dans les régions subtropicales et où l’on
trouve le genre monachus auquel appartient le phoque moine de la Méditerranée.

Le genre monachus englobe,depuis 2015, une espèces qui est, avec des espèces de genre Neomonachus, considéré comme étant le plus ancienne de tous les phocidés connus:

Generos de focamonje

NEOMONACHUS

  1. Le phoque moine des Caraïbes ou Neomonachus tropicalis. Il a été déclaré éteint dans les années 50. La chasse de cet animal, qui a été menée pratiquement depuis la découverte du continent américain pour obtenir sa peau, sa viande et son huile, a entraîné son extinction cinq siècles plus tard.
  2. Le phoque moine d'Hawaï o Neomonachus schauinslandi. C'est une espèce endémique des îles hawaïennes. Bien qu'elle compte environ 1 400 individus, sa population a diminué de 60 % au cours des 60 dernières années.
  3. MONACHUS

  4. Le phoque moine de la Méditerranée ou Monachus monachus. Généralement associée à la mer Méditerranée, cette espèce vit également dans la zone orientale de l'océan Atlantique et notamment dans la réserve Côtes des phoques, dont nous assurons la conservation, sur la péninsule du Cap Blanc (Mauritanie). De fait, on estime que cette réserve abrite la moitié de toute la population mondiale. Le phoque moine de la Méditerranée est considéré en danger d'extinction et compte à peine plus de 700 animaux dans toute son aire de distribution.

Caractéristiques du phoque moine de la Méditerranée

  • Taille : c'est le plus grand phocidé après les éléphants de mer. Le mâle peut atteindre un poids de 300 kg et mesurer 2,80 m. Les femelles sont un peu plus petites. À la naissance, les bébés mesurent environ 1 mètre.
  • Pelage : les phoques naissent avec le pelage noir et une tâche ventrale blanche parsemée de points noirs qui est propre à chaque animal et qui est différente chez le mâle et la femelle (la partie inférieure de cette tache est droite chez les femelles et arrondie chez les mâles). Ils conservent ce pelage jusqu'à l'âge de deux mois environ. À cet instant, qui coïncide avec leur première mue, leur pelage passe au gris et leur tâche ventrale s'estompe pour ne laisser visible qu'une ligne latérale. Les femelles adultes conservent leur couleur grise. Par contre, les mâles adultes se différencient du reste des membres de la population en reprenant le pelage qu'ils avaient à la naissance.
  • Habitat: il y a des siècles, le phoque moine vivait parmi de grandes colonies sur des bancs de sable ou sur des plages à ciel ouvert. Ceci étant, la destruction de ce type d'habitat ainsi que la persécution et les
  • dérangements auxquels ils ont été soumis les ont obligés à se concentrer dans des grottes inaccessibles et cachées.
  • Régime et alimentation : les phoques ont un régime alimentaire varié à base de poissons, de crustacés et de céphalopodes. Les femelles jeûnent uniquement pendant les premiers jours de vie de leur bébé et gagnent ensuite la haute mer à la recherche d'aliments. Les bébés sont allaités jusqu'à l'âge de quatre mois.
  • Reproduction : les femelles peuvent avoir leur premier bébé à l'âge de trois ans. Elles ont normalement un bébé par an et la période de reproduction au Cap Blanc s'étend actuellement d'avril à novembre.
  • Distribution : il existe deux zones clairement différenciées : la population vivant en Grèce et en Turquie, qui est estimée à quelque 350 individus, et la population atlantique, qui compte environ 40 individus à Madère et plus de 330 sur la péninsule du Cap Blanc. On estime que la population méditerranéenne est stable et que la population atlantique est en expansion.

Histoire

1436 Afonso Gonçalves Baldaia, un des premiers navigateurs portugais qui a franchi le cap Bojador, considéré alors comme la fin du monde, ramène avec lui des témoignages relatant la présence de milliers de loups marins ou de phoques moines sur des bancs de sable de Río de Oro (Sahara). C'est à cet instant que l'on commence à exploiter les colonies de phoque moine dans l'Atlantique pour obtenir sa peau et sa graisse afin de faire de l'huile. La persécution durera jusqu'au XXe siècle.
1923 Après que la population a été décimée et s'est pratiquement éteinte, l'explorateur français Theodore Monod essaie en vain de localiser une colonie survivante de phoque moine sur la péninsule du Cap Blanc. Il observera quelques animaux dans l'eau et trouvera des restes de cadavres, mais pas leurs lieux de reproduction.
1945 Alors qu'il étudie les invasions du criquet du Sahara, le naturaliste espagnol Eugenio Morales Agacino découvre la colonie de phoque moine de la péninsule du Cap Blanc, sur un site qui prendra alors le nom de « Côte des phoques ». Il aperçoit des groupes d'animaux se reposant sur des plages à ciel ouvert. Il vient de découvrir la dernière colonie survivante de tout le littoral africain.
1948 Jacques-Yves Cousteau filme la colonie de phoque moine et capture un bébé qu'il confie finalement au jardin zoologique de Marseille
Segunda mitad del Siglo XX La péninsule de Cap Blanc est située dans un des lieux de pêche les plus productifs du monde. L'effort de pêche dans cette zone n'a cessé d'augmenter tout au long de la seconde moitié du XXe siècle. On croit que la persécution menée par les pêcheurs et les captures accidentelles obtenues dans les engins de pêche ont eu un effet dévastateur sur la population de phoques.
1975-1991 Guerre du Sahara. La décolonisation du Sahara espagnol provoque un conflit armé dans la région qui empêchera tout contact avec la colonie pendant de nombreuses années.
1984 Didier Marchessaux, un chercheur français, commence à étudier l'espèce dans la péninsule du Cap Blanc. Il explore la Côte des phoques et localise les animaux de la colonie qui se réfugient dans quelques grottes.
1989 Didier Marchessaux, Alain Argiolas, Gérard Vuignier et Ely Ould Elemine meurent de façon tragique lorsque leur véhicule roule sur une mine antichar datant de la guerre du Sahara sur la Côte des phoques. Une plaque installée dans la station biologique « Las Cuevecillas », située au-dessus des grottes de reproduction, rend hommage à leur travail.
1993 Après quelques années d'abandon, un groupe d'écologistes et de chercheurs dirigés par Luis Mariano González et Luis Felipe López Jurado lancent une expédition sur la Côte des phoques, localisent à nouveau les grottes de reproduction de la population et commencent à travailler de façon permanente dans la zone.
1994 Les équipes espagnoles construisent un petit campement dans la zone et installent des caméras de vidéosurveillance dans les deux principales grottes de reproduction de la colonie. C'est à partir de cet instant qu'on commence à découvrir des aspects de la biologie de l'espèce qui étaient tout à fait inconnus à cette date.
1995-1998 L'équipe espagnole lance un projet LIFE visant à étudier la possibilité de réintroduire des exemplaires de phoque moine sur les îles Canaries. On estime pendant cette période que la population de phoques compte 350 animaux, soit plus de 50 % de toute la population mondiale.
1997 Une mortalité massive provoquée par une algue toxique décime en deux mois la population de phoques. Plus de 100 cadavres d'animaux adultes sont découverts sur les plages de la péninsule du Cap Blanc. On estime que seuls 109 phoques, pour la plupart des subadultes et des juvéniles, ont survécu à cette catastrophe. Les espoirs de récupération de l'espèce à l'échelle mondiale, qui se fondaient sur cette colonie, s'envolent en fumée.
1999 Luis Mariano González, représentant du ministère de l'Environnement d'Espagne, propose au conseil scientifique de la Convention des espèces migratrices (CMS/UNEP) d'élaborer un Plan d'action international pour la sauvegarde du phoque moine de la Méditerranée dans l'Atlantique oriental. La proposition est acceptée et le ministère de l'Environnement espagnol se met au travail avec les représentants du Maroc, de Mauritanie et du Portugal.
2000 Le Plan d'action pour la sauvegarde du phoque moine dans l'Atlantique oriental tient sa première réunion, à las Palmas de Gran Canaria, avec des représentants du Maroc, de Mauritanie, du Portugal et d'Espagne. On ouvre ainsi la voie à la conservation de la colonie.

La Fondation CBD-Habitat reprend le témoin laissé en 1998 par le projet LIFE et commence à travailler dans la péninsule du Cap Blanc, dans le cadre du Plan d'action, dans le seul but de sauvegarder la population de phoque moine de la Côte des phoques.
2001 La Fondation CBD-Habitat et l'ONG locale Annajah créent la réserve participative « Côte des phoques » avec les pêcheurs artisanaux et les autorités régionales afin de protéger les grottes de reproduction de la colonie et ses alentours. On met en place, à cet instant, un système de surveillance qui vise à retirer les filets mouillés dans la zone et à éviter les dérangements occasionnés dans les grottes de reproduction par les cueilleurs de pouces-pieds et les pêcheurs. La réserve va progressivement protéger 6 kilomètres de littoral qui abritent les grottes utilisées par les phoques.
2002-2005 De nombreuses actions de coopération au développement centrées principalement sur l'amélioration des conditions de vie et de travail des pêcheurs artisanaux de la péninsule du Cap Blanc sont mises en œuvre parallèlement à la surveillance de la réserve. On construit un marché destiné à la vente de poisson, on réalise différents cours de formation à la sécurité en mer et à la réparation de moteurs hors-bord, on remet des matériels de sécurité, on organise des formations en pêche responsable et durable, etc.
2006 Le nombre de naissances enregistrées dans les grottes de la Côte des phoques a augmenté en passant d'une moyenne de 26 unités par an pendant la période 2001-2005 à 48 unités. Les travaux de conservation commencent à porter leurs fruits : la population est en voie de récupération.
2007 Les ministres de l'Environnement de l'Espagne, de la Pêche de Mauritanie, de la Pêche du Maroc et de l'Environnement du Portugal signent le Protocole d'accord (MoU) du Plan d'action à Tenerife (Espagne).
2007 Des experts de CBD-Habitat mettent au point un système non invasif de marquage par satellite qui consiste à poser un bracelet sur la nageoire postérieure du phoque pendant qu'il dort. On commence à connaître les déplacements en mer de l'animal, qui étaient absolument méconnus jusqu'à cette date, ce qui constituait un des principaux obstacles à l'amélioration de la protection de la colonie.
2008 Les plages à ciel ouvert de la réserve Côtes des phoques sont de plus en plus utilisées par les phoques. Après des siècles de persécution, le calme qu'apporte la surveillance permanente permet à ces animaux de récupérer petit à petit leurs habitudes originales.
2009 Naissance de Sofía. C'est la première fois depuis plusieurs décennies qu'une femelle met bas sur une plage à ciel ouvert. Cette naissance été rendue possible grâce à la protection dont la Côte des phoques a bénéficié ces dernières années.
2010 On installe des pièges photographiques dans des zones éloignées et difficiles d'accès afin de déterminer l'utilisation ou l'éventuelle recolonisation d'autres lieux par les phoques. Des experts de la Fondation CBD-Habitat mettent au point une méthode de nettoyage automatique et autonome des lentilles des caméras de sorte que ces appareils puissent fonctionner pendant de longues périodes de temps en réduisant l'intervention humaine à ces endroits.
2011 La population de phoques dépasse les 220 individus dont 73 sont des femelles reproductrices qui ont été identifiées de façon individuelle. La population a doublé depuis 1998.
2012 On parvient pour la première fois à faire le suivi complet d'animaux identifiés dès leur naissance jusqu'à ce qu'ils atteignent leur maturité sexuelle. Ceci permet d'obtenir des paramètres démographiques qui sont extrêmement importants pour le suivi de la population : date de la première reproduction, taux de mortalité des différentes classes d'âge, etc.

Un nouveau record est battu cette année avec 63 naissances.
2014
2015
2015
2016 Le nombre de naissances enregistrées dans les grottes de la Côte des phoques a augmenté à 82 unités.
2017 ¡¡¡Les phoques a 4K!!!.Un nouveau système nous aidera à surveiller la colonie.
2018 Nous entrons dans la mer Méditerranée. Avec l'aide de nos collègues grecs, turcs et chypriotes, nous avons été invités à participer à deux projets de conservation du phoque moine en Méditerranée orientale.
2019 ¡ Nous sommes toujours en pleine croissance ! Nouveau maximum dans les comptages hebdomadaires dans chaque grotte de reproduction. 149 individus ensemble sur la plage à l'intérieur de la grotte 3. La population continue de croître. Nous avons déjà 60 individus identifiés.

Résultats

La Fondation CBD-Habitat commence en 2000 à travailler sur la péninsule du Cap Blanc, dans le cadre du Plan d'action pour la sauvegarde du phoque moine de la Méditerranée dans l'Atlantique oriental (CMS/UNEP), dans le seul but de récupérer la population de phoque moine de la Côte des phoques (Mauritanie).

Des objectifs importants ont été atteints depuis lors :

Récupération démographique de la population.
Cette population est actuellement en pleine croissance. Depuis la création de la réserve Côte des phoques, le nombre d'exemplaires a augmenté d'année en année en passant de la centaine d'individus estimés en 1998 à une population actuelle Poblacion focas3
Protection des grottes de reproduction et de ses alentours à travers la création de la réserve Côtes des phoques.
La surveillance que nous avons mise en place dans les zones terrestre et marine de la réserve afin d'empêcher le mouillage de filets et d’éviter la présence de pêcheurs et de cueilleurs de pouces-pieds sur la terre ferme a permis de faire respecter l'aire protégée et d’éliminer les menaces et les dérangements dans les grottes de reproduction. Ces mesures ont contribué à ce que la mortalité des phoques attrapés dans les filets diminue, à ce que ces animaux y trouvent davantage d'aliments et qu’ils se sentent suffisamment en sécurité pour récupérer petit à petit leur habitat original et pour commencer à utiliser les plages à ciel ouvert de l'intérieur de la réserve.
de plus de 330 phoques. De façon analogue, le nombre de bébés nés chaque année dans la colonie a presque triplé en passant d’une bonne vingtaine à plus de 80 naissances.

births mapa

Fishing gears detected in and out the reserve

Data taken from the marine surveillance